Un ouragan au Québec : mission presque impossible

Une tempête monstre dont l'intensité se rapproche de celle d'un ouragan, est-ce possible au Québec? Réponse ici.


Ouragans du nord

Avec le climat qui se réchauffe à grande vitesse, un ouragan pourrait-il frapper un jour le Québec? Sans affirmer avec certitude que c'est impossible, les chances demeurent relativement minces. Ces cyclones se forment dans des conditions précises, notamment dans un bassin d'eau très chaude. Au niveau des Tropiques, la température de l'eau peut atteindre et même dépasser le seuil de 30 °C. En comparaison, celle du Saint-Laurent ne dépasse pas le seuil de 15 °C.

« Pour obtenir de tels vents d'ouragan, il faut un contexte particulier, précise Réjean Ouimet, météorologue. En effet, les tempêtes d’origine tropicale se développent sur de vastes étendues d'eau chaude à plus de 26° sur une épaisseur de plusieurs dizaines de mètres. La limite nord de cette condition d’eau chaude se trouve au voisinage du Gulf Stream. »

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Terre de chez nous

L'ouragan Katrina a fait des ravages dans le sud des États-Unis, en 2005. La région de La Nouvelle-Orléans a été frappée durement. Vous souvenez-vous que les restes du cyclone ont voyagé jusqu'au Québec? La tempête avait perdu beaucoup d'intensité avec des vents de 60 km/h. De fait, elle a parcouru une distance de 2600 kilomètres sur le continent américain. Le phénomène de friction affaiblit considérablement un cyclone au fur et à mesure qu'il avance sur la terre ferme.

« Le Québec est en grande partie constitué de terres, explique Réjean Ouimet. Et si on y regarde d’un peu plus loin, il est aussi entouré de terres. Ceci présente un écueil de taille pour un ouragan même de forte intensité. Par exemple, Katrina, au moment d’entrer sur la côte du golfe du Mexique, a frappé fort avec ses vents soufflant à 205 km/h. En s’avançant vers le nord, la tempête perd son élément clé qui est l’eau chaude. »

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Un cas unique

Debby a marqué l'imaginaire au Québec en raison des pluies record qu'elle a générées. Cette tempête a laissé des traces en déversant d'importantes quantités d'eau, causant inondations et affaissements de sol. Le Québec a reçu jusqu'à 200 mm par endroits. Toutefois, elle représente un cas particulier. Le contexte atmosphérique a permis aux restes de Debby d'emprunter une trajectoire vers la vallée du Saint-Laurent.

« Les vents en altitude peuvent pousser la tempête à l’écart, ou encore une autre perturbation entre en interaction, estime Réjean Ouimet. Ceci lui donne un nouveau souffle. C’est ce qui a donné les pluies que l’on connaît lors du passage de Debby, le 9 août 2024. »

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L'est du Québec

Certains ouragans peuvent emprunter une trajectoire au large de la côte américaine. Dans ce cas, l'est du Québec devient vulnérable. Ce sont surtout les Îles-de-la-Madeleine qui affrontent une puissante onde de tempête et des vents de plus de 100 km/h. Mentionnons toutefois que cette région profite de la proximité d'une province voisine.

« Compte tenu de la provenance des systèmes tropicaux, ils ont tendance à passer sur la Nouvelle-Écosse avant de s’avancer vers les Îles-de-la-Madeleine, précise Réjean Ouimet. L'impact est ainsi diminué pour des raisons de frictions sur terre. Deux cas récents se sont produits : Fiona en 2022 et Dorian en 2019. »

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Avec la collaboration de Réjean Ouimet, météorologue.


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