Un phénomène est en forte régression au Québec en septembre
Il y a un avantage et un inconvénient. Explications.
Septembre n'est plus le même
Au Québec, le mois de septembre n'est plus ce qu'il était. Comme en témoignent ces données concernant le nombre de journées avec un maximum sous le seuil des 15 °C, le premier mois de l'automne météorologique se réchauffe. En comparant la période allant du début des relevés jusqu'à 1999 aux vingt années suivantes, un important écart se creuse. Les poussées de fraîcheur se font plus rares et, lorsqu'elles surviennent, elles nous prennent par surprise.
« Un phénomène de début d’automne qui surprend peut-être davantage ces dernières années ce sont les poussées de fraîcheur qui nous plongent en automne de but en blanc, affirme Réjean Ouimet, météorologue. Sans qu’on s’y attende. Une des raisons de cet effet de surprise est la chaleur qui s’accroche et qui nous maintient dans un état de faux espoir que l'été ne finira jamais.
Petite fraîcheur d'été
Vers la fin de l'été, le mercure peut fléchir durant de courtes périodes. On ne parle pas de véritables poussées de froid, mais davantage d'un frein à la chaleur. Des températures sous les normales de saison se manifestent durant quelques jours pour donner, parfois, un petit avant-goût de l'automne. Depuis une vingtaine d'années, la fréquence de ces épisodes diminue.
« En août, cette année, on a vécu un décrochage de trois journées sous la barre des 20° dans le sud du Québec du 20 au 22, raconte Réjean Ouimet. Un choc. Une situation inédite depuis 2014. Des températures sous les 20° existaient en août entre 1942 et 1999 à une fréquence de 8,5 %. À titre de comparaison, cette fréquence a pratiquement chuté des deux tiers. Depuis 2000, c’est arrivé à 3,3 %. »
Séquences en déclin
On définit une poussée de fraîcheur par une séquence qui met en scène quelques journées dont le maximum est de 5 °C ou plus sous la normale saisonnière. Notre expert a comparé deux périodes : de 1941 à 1999 et de 2000 à 2023. Le résultat est probant : les incursions de froid sont en nette régression depuis une vingtaine d'années. Fait étonnant, c'est durant la troisième semaine que la perte est la plus marquée.
Septembre en été
En ce qui concerne les extrêmes de températures en septembre, la chaleur l'emporte sur le froid depuis une quinzaine d'années. Au Québec, la tendance semble bien établie. Si l'allure du mois a changé, elle donne aussi l'impression que l'été est prolongé durant quelques semaines.
« Il peut tout de même arriver que, après le passage d’une dépression assez bien organisée, s’ensuive un drainage d’air du nord assez profond, explique Réjean Ouimet. Il s’agit alors de températures records. On parle de valeurs de 7 voire de plus de 10° sous la normale. Depuis 2010, on a eu 44 journées en septembre avec de tels records de froid. En comparaison, au cours de la même période, il y a eu 60 journées de records de chaleur. »
Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Alexandra Giroux, météorologues.