Une nouvelle réalité qui domine en septembre au Québec
Le Québec entre dans une nouvelle ère. Analyse.
Nouvelle réalité
Depuis quelques années, une tendance semble s'installer au Québec. En septembre, des épisodes plus ou moins prolongés de chaleur se manifestent. Parfois, il s'agit simplement d'un prolongement de l'été qui n'en finit plus de finir. Dans le cas d'une saison plus fraîche, elle prend sa revanche avant l'équinoxe d'automne.
« Que l’été soit beau et chaud ou décevant comme cette année, il semble y avoir de la place soit pour une prolongation, soit pour une reprise des chaleurs estivales en septembre, explique Réjean Ouimet, météorologue. Ce qui va définir l’été, ce sont les chaleurs stables de 23 à 25 degrés. Autour du 7 septembre, les dernières régions du sud du Québec voient ces températures disparaître. On a eu, depuis 2015, cinq extensions des chaleurs d’une à deux semaines. Le cas de 2017 est remarquable, les chaleurs se sont d’abord éteintes le 23 août pour mieux reprendre du 12 au 27 septembre. »
Canicules en septembre
L'année 2017 se distingue par sa canicule tardive de septembre. De fait, le Québec n'avait pas eu droit à une telle séquence durant l'été. Puis, comme par miracle, après l'équinoxe d'automne, une forte poussée de chaleur survient. Cette année-là, Montréal a raté de peu la séquence de trois jours consécutifs avec un maximum de 30 °C ou plus qui définit le terme canicule. Cependant, les villes de Gatineau et de L'Assomption ont coché oui à ces critères.
« Des canicules en septembre, on en a dénombré 10 depuis 2000, précise Réjean Ouimet. La plupart du temps, ces vagues de chaleur de plus de trois jours surviennent avant le 15. La vague de 2017 est d’autant plus frappante. »
Tendance lourde
Une forte tendance se dégage depuis une vingtaine d'années. L'été s'allonge. Septembre se réchauffe. Un phénomène récent qui permet à la saison de s'exprimer en rattrapage lorsque juin, juillet et août ont déçu.
« La tendance des mois de septembre dans leur ensemble est intéressante, poursuit Réjean Ouimet. Dans les décennies précédant les années 2000, on connaissait deux à trois mois de septembre plus chauds que la normale. Depuis 2000, c’est arrivé au moins deux fois plus souvent, soit sept fois dans chacun des cas. »
Renversement de situation
Autre phénomène surprenant : lorsque la chaleur n'est pas au rendez-vous durant le mois d'août, septembre semble prendre sa revanche dans la majorité des cas. Selon notre expert, il y a aussi une augmentation de la fréquence du phénomène depuis les 20 dernières années.
« On l’a vu avec 2017 et c’est arrivé six fois que, depuis 2000, le mois d’août soit plus froid que la normale, affirme Réjean Ouimet. À quatre reprises, ces mois d’août ont été suivis de mois de septembre plus chauds que de coutume. Renversement de situation en faveur de la chaleur dans la majorité des cas. Au cours des années 1990, le renversement s’est produit une seule fois en cinq occasions de mois d’août frais.
Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Patrick Duplessis, météorologues.
