Australie : Le climat de demain aujourd’hui
Chaque année, l’Australie connaît une saison de feux de broussailles, mais jamais aussi importante que cette année.
Le GIEC avait sonné l’alarme
Tous les éléments sont présents pour que les Australiens vivent la pire saison des feux de leur histoire. L’été austral confirmera ce que les scientifiques disent depuis des décennies : avec les changements climatiques, les épisodes de feux de broussailles en Australie seront plus intenses et plus fréquents. Selon un rapport commandé par l’ONU, l’Australie est un des pays les plus vulnérable aux changements climatiques.
Dipôle de l’océan Indien (DOI)
Cette situation est engendrée par deux fortes anomalies, l’une dans l’océan Indien et l’autre en Antarctique. La première porte le nom de « dipôle de l’océan Indien ». C’est un mécanisme de circulation atmosphérique qui est régi par la température de l’eau de l’océan Indien. Découvert en 1999 par des climatologues, le DOI a été baptisé : El Niño indien.
Lorsque la température de l’eau de surface de l’océan est supérieure à la normale près des côtes de l’Afrique et inférieure à la moyenne en Indonésie, on dit que le dipôle est positif. La chaleur de l’océan près de l’Afrique favorise alors une convection (mouvement vertical de l’air) plus soutenue. Ce mécanisme va faciliter le développement de cellules orageuses sur cette région du globe. En revanche, de l’autre côté de l’océan Indien, un anticyclone se formera, ce qui créera un mouvement d’air descendant. Quand le dipôle de l’océan Indien est positif, cela diminue grandement les risques de précipitations en Australie. Selon le bureau météorologique national, le pays a connu en 2019 son année la plus sèche avec un déficit de 40 % de pluie.
Oscillation Antarctique
Le pôle Sud possède aussi une anomalie comparable à celle que nous avons dans l’Atlantique Nord (oscillation nord-atlantique/ONA). Il s’agit d’une interaction entre deux zones de pression atmosphérique différente. Quand celle-ci est négative, c’est que la différence de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression de l’Islande est faible. Ceci permet une circulation rapide des dépressions au-dessus de l’Atlantique, apportant un surplus de précipitations sur le bassin méditerranéen. Le pôle Sud connaît depuis quelque temps une oscillation antarctique négative qui a pour effet de déplacer les vents dominants vers le tropique du Capricorne. Ces vents dominants, provenant toujours de l’ouest près du pôle, soufflent maintenant au-dessus du continent australien apportant l’air chaud du désert central vers la côte est du pays. Le Bureau météorologique de l’Australie a confirmé que 2019 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée avec une température supérieure à la moyenne de 1,5 °C et son mois de décembre le plus chaud, tous mois confondus, avec une valeur supérieure à la moyenne de 4,15 °C. Le phénomène est aussi responsable des vents soutenus qui propagent les flammes.
Efforts combinés
Les effets de ces deux phénomènes ont fourni à l’Australie les conditions nécessaires à la naissance et à la propagation des incendies. Le manque de pluie et la chaleur extrême de 2019 ont favorisé un départ canon de la saison des feux de broussailles et une intensification fulgurante des différents brasiers. Selon le célèbre climatologue britannique Ed Hawkins, l’Australie vit en ce moment une situation qui sera la norme mondiale au cours des prochaines décennies. Dans le contexte des changements climatiques, une hausse de la température globale de plus de 2 °C est tout à fait envisageable. En décembre dernier, l’Australie avait déjà dépassé ce seuil.