D'ici 2050, 79% des rivières atteindraient leur seuil critique
Les glaces sont la principale source d’eau douce dans le monde, suivies par les nappes phréatiques et les aquifères. Si la fonte des pôles inquiète, l’exploitation de l’eau souterraine continue de se faire aveuglément. Des gestes qui peuvent avoir de graves conséquences très bientôt…
C’est grâce à ces nappes phréatiques si les rivières arrivent à se régénérer avec de la nouvelle eau douce. Cependant, au cours des dernières décennies, l’homme y a pompé des billions et des billions de litres. Une récente étude, menée par l’hydrologue Inge de Graaf (université de Freiburg) et publiée par le magazine Nature, fait le point sur les conséquences de ces actions sur l’état des rivières. La principale menace : l’assèchement de celles-ci. En effet, au rythme où l’on extrait l’eau souterraine, 40 % à 79 % des cours d’eau de la planète seraient sous le seuil écologique critique d’ici 2050. D’ici 2100, ils l’auraient tous atteint. Présentement, cette marque se situe entre 15 % et 21 %. Le seuil écologique critique survient lorsque le niveau d’une rivière chute en-dessous de 90 % de sa moyenne en saison sèche, qui survient généralement en juillet.
Une certaine quantité des eaux souterraines coule dans les fissures terrestres depuis des milliers d’années. Par exemple, en Amérique du Nord, certaines gouttes datent de la fonte de la calotte de glace qui recouvrait le territoire lors de la dernière glaciation, il y a environ 20 000 ans de cela. Remplir à nouveau les aquifères d’eau douce et pure prendrait des centaines, voire des milliers d’année. Malheureusement, le rythme d’extraction est nettement plus rapide.
Un impact sur les populations
70 % des eaux souterraines sont extraits pour l’irrigation. 40 % de la nourriture que nous cultivons est alimentée via ces réservoirs. Autant le niveau des rivières que des nappes phréatique est important pour la sécurité alimentaire de tous. En plus de présenter une menace pour les espèces qui y vivent, un bas niveau rend la denrée plus rare. Donc, le coût d’extraction s’élève, de même que le prix des aliments qui dépendent de cet irrigation pour leur culture. Les chercheurs prévoient qu’au cours des prochaines années, la demande alimentaire sera encore plus élevée et donc, les eaux souterraines davantage indispensables pour les populations mondiales.
Des conséquences environnementales
Les eaux souterraines sont essentielles au maintien du débit des rivières, du niveau des lacs et des milieux humides. En période de sécheresse, elles sont même cruciales. En ce qui concerne l’environnement, la baisse du niveau de ces eaux entraîne l’affaissement des sols et donc, a un impact sur les infrastructures et notre sécurité. Également, elle accroît le risque d’inondation pour les villes côtières. De plus, lorsque la marque du seuil critique est atteinte pendant plus de trois mois dans une année, et ce, sur au moins deux ans consécutifs, les conséquences sur la vie marine augmentent considérablement. Selon les simulations, en 2050, la flore et la faune de plus d’une centaine de rivières seraient en danger. Tout cela est sans compter les impacts d’une telle détérioration sur la chaîne alimentaire des espèces terrestres.
L’équipe de scientifiques derrière cette étude alerte les gouvernements et entreprises, leur demandant de considérer les impacts à long terme de l’exploitation des eaux souterraines.
À VOIR ÉGALEMENT : Il n'y a pas que l'atmosphère qui peut entrer en canicule...