Sans l'eau salée, la Terre ne tournerait pas rond
D’ici 2025, un tiers de la planète devrait faire face à des pénuries d’eau potable fréquentes. Plusieurs solutions sont déjà étudiées par la communauté scientifique, mais il serait beaucoup plus simple si toute l’eau salée de la Terre devenait tranquillement potable. Un tel scénario n’est malheureusement pas aussi positif qu’on le croirait.
Si toute l’eau salée du monde devenait potable, ça pourrait bien régler nos problèmes de consommation. Par contre, de plus grandes problématiques se pointeraient le bout du nez, qu’on pourrait même qualifier de catastrophes. Effectivement, la vie marine serait tranquillement détruite. Le sel dans l’océan s’y accumule depuis des milliards d’années. Au fil du temps, plusieurs animaux marins et poissons ont évolué pour être en mesure de s’hydrater avec l’eau de mer. Les mécanismes de leur corps leur permettent de se débarrasser de l’excès de sel qui pourrait s’avérer dangereux. Même que certaines espèces ont développé la capacité de survivre dans l’eau salée comme dans l’eau potable, comme le saumon et l'anguille. Bref, ces êtres vivants auraient de la difficulté à survivre si tout le sel présent dans leur habitat disparaissait. Parmi les conséquences qui en résulteraient à long terme, l’effondrement de la chaîne alimentaire est l'une des principales.
Le saumon, l'un des poissons capables de survivre autant dans l'eau douce que salée, est prisé par plusieurs prédateurs, dont l'ours.
Un autre grand responsable du maintien de la vie sur Terre est l’algue, qu’on retrouve en énorme quantité, autant dans l’eau salée que dans l’eau douce. Dans le scénario qui nous concerne, les algues et végétaux marins seraient aussi chose du passé. Comme la moitié de la photosynthèse sur notre planète provient de ces organismes, il y aurait davantage de CO2 dans l’air, et moins d’oxygène. On assisterait donc à une augmentation de l’effet de serre à l’échelle planétaire. Certaines parties du globe seraient littéralement inhabitables.
Le climat terrestre complètement chamboulé
Si l’eau salée devenait douce, la Terre serait dotée d’une nouvelle météo et d’un nouveau climat, qui ne supporteraient plus la diversité animale et végétale qu’on connaît aujourd’hui. Une des raisons pour lesquelles le climat terrestre serait métamorphosé est l’effondrement des courants marins dominants. Ceux-ci sont actifs en raison de la présence de sels dans l’océan. À l’équateur, les eaux chaudes peuvent en transporter davantage. Donc, l’eau y est plus dense et glisse au fond de l’océan. La couche plus froide s’installe à la surface. Au nord, près du Groenland, l’eau devient assez froide pour geler et former de la glace de mer, dénuée de sel. Ce dernier reste donc dans l’eau froide toujours à l'état liquide, qui devient plus dense et, à son tour, glisse en dessous d’une couche plus chaude, celle qui nous provient du sud. Donc, sans le sel dans les océans, ce processus n’existerait pas. Ainsi, comme cela surviendrait si la Terre tournait dans l’autre sens, il n’y aurait plus de mouvement des océans pour apporter l’eau chaude de l’équateur en Europe, et l’eau plus fraîche du nord de l’Atlantique vers les régions tropicales. On peut déjà observer ce scénario à petite échelle en raison de la fonte de l'Arctique.
La circulation océanique à travers le globe. Les lignes bleues représentent l'eau froide, les rouges, l'eau chaude.
Au fil du temps, la Terre deviendrait complètement inhabitable puisque les pôles seraient extrêmement froids alors que les régions équatoriales vivraient des températures trop chaudes pour l’humain. Côté météo, les simulations montrent qu’elle serait plus extrême avec, notamment, des ouragans plus fréquents et plus violents. Le futur de la vie sur Terre est loin d’être rose, si l’eau salée disparaît complètement de la carte.
D’où vient le sel des océans?
Le sel marin s’est imposé tranquillement mais sûrement, et ce, depuis la formation des océans, dans les premiers temps de notre planète bleue. À vrai dire, il s’y accumule depuis environ 3,8 milliards d’années. On doit son origine à plusieurs sources, dont les volcans sous-marins qui ont relâché de grandes quantités de minéraux pendant des éruptions. De plus, l’érosion des sols grâce aux précipitations a fait ruisseler les sels jusque dans les cours d'eau, qui se jettent ensuite dans l’océan. La croûte terrestre est composée de magnésium, de potassium, de calcium et de sodium entre autres. Les pluies très acides que connaissait la Terre il y a des millions d’années ont contribué fortement à cette érosion. Au fil des millénaires, l’évaporation a concentré les sels pour en arriver au taux de sel actuel, soit 35 parties par million, selon la NOAA. Si on étendait uniformément tout ce sel à la surface du globe, on obtiendrait une couche équivalente à un édifice de 40 étages.
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