Un rare potentiel de pluie pour cette région normalement très sèche
Le Québec n’est pas étranger aux épisodes de fortes pluies. C’est particulièrement le cas cet été. Cependant, cette région du globe est sur le point de recevoir l’équivalent de cinq ans de pluie en deux semaines! Mais quel secteur se fera arroser de la sorte?
Bienvenue dans le désert du Sahara
Puisque ce n’est pas tout le monde qui a ou qui aura l’occasion de visiter le Sahara au cours de sa vie, une petite mise en contexte est intéressante. Le Sahara couvre une superficie de plus de 9,2 millions de km2. Il occupe ainsi près de 30 % du continent africain. Il s’étend d’ouest en est, de l’océan Atlantique à la mer Rouge. Dix pays d’Afrique peuvent se vanter de le voir figurer, en partie, sur leur territoire : l’Algérie, l’Égypte, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Soudan, le Tchad et la Tunisie.
Certains qualifient le Sahara de l’endroit le plus sec de la Terre, car il reçoit annuellement très peu (ou pas du tout) de précipitations. Qu’est-ce qui caractérise également cette région? On y retrouve des températures très élevées, de longues heures d’ensoleillement et beaucoup d’évaporation atmosphérique.
C’est donc plus que surprenant d’apprendre que le Sahara connaîtra sous peu un impressionnant épisode pluvieux. Celui-ci lui fera faire un énorme bond : ces pluies seront supérieures à la normale par endroits sur son territoire de 500 à 1000 %!
Quand le ciel t’envoie l’équivalent de cinq ans de pluie en deux semaines
D’accord, une région qui reçoit plus de 100 mm de pluie en deux semaines, ce n’est pas nécessairement frappant en soi. Cependant, quand on sait qu’en temps normal, plus de la moitié du Sahara reçoit moins de 25 mm par an, là ça devient frappant!
Bref, dans le « langage » du Sahara, ça équivaut à cinq ans de pluie en une quinzaine de jours. À noter que même s’il demeure assez rare, ce phénomène pluvieux sur cette région ultra sèche de la planète a tendance à survenir environ une fois tous les dix ans en août. Au mois de septembre, il s’est produit une seule fois dans les 50 dernières années.
Le comment du pourquoi de toute cette pluie
Mais alors, pourquoi un tel événement se produit-il? La ceinture de précipitations tropicales près de l’Équateur – qu’on appelle la zone de convergence intertropicale (ZCIT) – influence notamment le climat des pays tropicaux. Elle est caractérisée par la formation de cellules orageuses et de précipitations plus importantes.
Sa présence est due à la convergence de masses d’air chaud et humide des alizés. Euh, alizé? C’est quoi, ça? Ce sont les vents dominants des tropiques. La ZCIT bouge et la variation de sa position a un effet direct sur le climat des régions équatoriales.
Actuellement, la ZCIT s’est déplacée plus au nord que la normale et c’est ce qui entraîne ces pluies phénoménales dans le Sahara.
Est-ce que ça change quelque chose pour nous? Vous vous posez possiblement la question, alors voilà la réponse : ce léger déplacement vers le nord de la ZCIT a aussi un effet au niveau des tropiques et de l’activité cyclonique. Les passages de Beryl et de Debby ont été assez marquants pour le Québec, même si ce n'étaient que leurs « restes ». Le fait que la ZCIT soit présentement plus au nord limite un peu plus la formation de systèmes tropicaux. La tendance à la bougeotte de la ZCIT peut donc avoir ses avantages pour nous aussi, en calmant les tropiques!
Avec la collaboration d'Alexandra Giroux, météorologue.