Un volcan qui vole carrément notre été, c’est possible
Des conséquences significatives à l'échelle mondiale sont craintes si le volcan Bolshaya Udina, situé sur la péninsule de Kamtchatka, dans l'est de la Russie, venait à entrer en éruption. La fréquence des séismes dans la région est en croissance exponentielle depuis la fin 2017. Le rejet dans l’atmosphère d’une aussi importante quantité de cendres peut perturber le climat à l’échelle mondiale, et ce, jusqu’au Québec. On n’a qu’à penser à l’été 1992.
Un géophysicien estime à 50 % le risque que ce volcan éteint depuis des millénaires entre en éruption à n'importe quel moment. Ivan Koulakov, qui travaille à l'Institut de géologie et de géophysique pétrolifère Trofimuk, a mené une étude sur le Bolshava Udina : il estime que celui-ci devrait être reclassé comme actif.
Ce qui a alerté en premier lieu les scientifiques, c’est la fréquence et la magnitude des tremblements de terre aux alentours, « qui ne cessent d’augmenter depuis décembre 2017 », commente Ivan Koulakov. Mais aussi la composition des roches du Bolshava Udina, « très acide, comme celle du Vésuve, ou de son voisin russe Bezymianny, qui a causé l’une des plus fortes explosions du monde entier en 1956 ». Des caractéristiques suspectes, malgré une période « plutôt calme » en termes d’explosions volcaniques.
300 fois plus d'activité sismique
Entre 1999 et la fin 2017, environ 100 événements sismiques faibles ont été détectés sous le volcan. C'est à partir d'octobre 2017 que les choses se sont gâtées. Jusqu'en février 2019, environ 2 400 secousses ont été enregistrées avec en point d'orgue un séisme de magnitude 4,3 en février dernier. Le plus important événement sismique jamais survenu dans cette région. Cette dernière phase représente une multiplication par 300 de la fréquence des tremblements de terre dans la région !
Les données recueillies par quatre stations de surveillance sismique suggèrent la présence d’intrusions de magma à forte teneur en matières fondues et en fluides.
Dans le cas du Bolshava Udina, c’est l’accumulation qui présente un problème : la surface d’un volcan dormant pendant des milliers d’années devient très rigide, et la pression qu’il contient est très forte, ce qui peut causer une immense explosion. Comme ce fut le cas pour le Vésuve, qui lors de son éruption en 79 avait englouti intégralement la ville de Pompéi, en Italie.
Ce type d'explosion est capable de refroidir le climat à l'échelle mondiale.
Assez fort pour changer le climat
En 1992, le mercure n'avait jamais dépassé les 30 °C au Québec : la chaleur avait déserté la province. Il s'agissait d'une première depuis que les données météorologiques sont relevées. La raison ? Le volcan Pinatubo, aux Philippines, qui a voilé l'atmosphère de ses cendres et tamisé le soleil.
Résultat, dans le sud du Québec, on a enregistré un été 2 ˚C sous la moyenne et les températures n’ont jamais atteint la barre des 30 ˚C une seule fois ! La situation était encore plus pénible à Québec. Un été épouvantable dans la Vieille-Capitale : 48 jours de pluie durant l’été, 1,6 ˚C sous les normales durant trois mois.
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Le 10 avril 1815, un autre volcan indonésien, le Tambora, explosait. L’éruption seule tua 92 000 personnes, et ses effets se firent ressentir partout dans le monde, par l’action des millions de tonnes de cendres et de dioxyde de soufre éjectées dans l’atmosphère.
Les quantités de ces particules sombres pulvérisées étaient si importantes qu’elles étaient parvenues à cacher la lumière – et la chaleur – du Soleil.
Plusieurs mois après l’événement, le climat du reste du monde était encore affecté : 1816 est ainsi connue pour être l’année sans été. À Montréal, il a même neigé au moins une fois durant chaque mois de cette année !
Source : Science Direct
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