Ce carburant pourrait devenir l’énergie de l’avenir au Québec
En cette ère ponctuée par les changements climatiques, trouver des alternatives vertes, notamment en matière de carburant, devient une priorité pour de nombreux pays. Le Québec a au bout des doigts une opportunité en la matière : l'hydrogène.
Il faudra cesser d’utiliser des hydrocarbures d’ici 2050 si nous voulons limiter le réchauffement planétaire en-deçà des 2 °C, notamment dans le cadre de l’Accord de Paris.
Au Canada et au Québec, les défis sont nombreux. Le secteur des transports est, au Québec, un secteur névralgique en matière d’émission de gaz à effet de serre. Il s’agit du principal émetteur de GES au sein de la province et ce, depuis de nombreuses années. Pour le moment, tout indique que cela sera le cas encore longtemps, si aucune mesure pour renverser la tendance n’est instaurée.
C’est là que l’hydrogène entre en scène. C’est le plus petit, le plus simple et le plus léger élément du tableau périodique, en plus d’être le plus abondant dans l’Univers. Habituellement rencontré sous forme gazeuse, cet élément peut se liquéfier à très basse température (-253 °C). Une fois ce processus de transformation complété, l'hydrogène peut occuper plusieurs fonctions : chauffage de bâtiments, gaz naturel renouvelable carburant dans le transport routier, maritime et ferroviaire…
L’hydrogène peut être produit de plusieurs manières (il est fabriqué à partir de gaz naturel dans de nombreux pays à l’heure actuelle), mais parmi les plus intéressantes au niveau environnemental est par électrolyse de l’eau. Ce procédé est, en résumé, lorsqu’on se sert «d’un courant électrique pour provoquer une réaction d’oxydoréduction capable de séparer l’hydrogène et l’oxygène contenus dans l’eau», selon le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec.
Inépuisable, cet élément est versatile et ne dépend pas que d’une source d’énergie. Il peut effectivement être produit grâce à la biomasse, à l'énergie éolienne ou solaire, à l’hydroélectricité… L’hydrogène produit par électrolyse de l’eau grâce à une énergie renouvelable constitue l'alternative aux combustibles fossiles la plus intéressante pour la mitigation des changements climatiques, puisqu’il n’émet aucun gaz à effet de serre dans sa production ou pendant sa combustion.
Ce processus nécessite toutefois une massive quantité d’énergie.
Le Québec comme leader potentiel
Le Québec a gagné à la loterie géographique à de nombreux niveaux, notamment en termes d’eau douce. Près de 3,6 millions de plans d’eau divers recouvrent le territoire. Le potentiel hydroélectrique est immense, et déjà 97 % de l’électricité produite au Québec provient des barrages.
La première expérience canadienne dans l’utilisation de l’hydrogène comme carbuant a eu lieu pendant les Jeux olympiques de Vancouver, en 2010. 20 autobus alimentés à l’hydrogène produit au Québec ont effectivement circulé sur le site. Ce projet-pilote a cependant pris fin en 2014.
Le Québec est un des seuls endroits en Amérique du Nord où il serait possible de rentabiliser une production d’hydrogène propre, en raison de l’abondance de l’eau et la présence prodigieuse d'électricité «verte» à un prix concurrentiel. Cela représente donc une opportunité intéressante à la fois pour la province et pour les marchés d’exportation, surtout dans une optique de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
L’Hydrogen Council prévoyait en 2017 « [...] que les émissions de CO2 attribuables au secteur du transport pourraient être réduites de 3,2 Gt d’ici 2050 si des mesures appropriées étaient adoptées pour promouvoir la transition vers des véhicules à pile à combustible», peut-on lire dans l’étude intitulée La filière de l’hydrogène : un avantage stratégique pour le Québec.
Quelques entreprises de production d’hydrogène, comme Air Liquide et Enerkem, sont déjà présentes sur le territoire et Hydro-Québec entend soutenir les projets permettant le développement de l’hydrogène propre au Québec à moyen et à long terme. Toutefois, le développement à grande échelle de ce créneau pourrait comporter de nombreux avantages pour le Québec, notamment financiers (si on réussit à vendre et exporter l’hydrogène) et en matière de lutte contre les changements climatiques.