Ces facteurs pourraient faire déraper l’été
Les températures de l'eau dans l'océan Pacifique pourraient perturber l'été au Québec en 2024. Selon notre expert Réjean Ouimet, l'été pourrait ressembler à ceux de 1998, 2010 et 2016. En fait, ces facteurs pourraient faire déraper l'été. Voyez comment.
Quand l'été dérape
Un été peut laisser une mauvaise impression lorsque la chaleur caniculaire n'est pas au rendez-vous. De fait, c'est tout à fait possible au Québec de connaître une saison où les 30 °C sont rares ou même carrément absents. Certains facteurs peuvent contribuer à faire déraper le plus beau trimestre de l'année, notamment l'état des lieux dans le Pacifique équatorial. En effet, la variation de la température de l'eau dans cette zone peut influencer l'allure de l'été chez nous. Qu'en est-il de l'édition 2024 de la belle saison?
« L’été 2024 va se dérouler sous le signe du passage de la fin d’un régime El Niño, répond Réjean Ouimet, météorologue. Cela sera suivi d’une phase plus ou moins longue en mode neutre. La saison devrait s’achever en mode La Niña. On garde à l’esprit que la température de l’eau est une chose. Mais la réaction de l’atmosphère va souvent se préciser en décalage par rapport à ce qui se passe. »
Autres facteurs
Mentionnons que les chaleurs caniculaires ne plaisent pas à tout le monde. Certains les redoutent, surtout si elles sont accompagnées d'une bonne humidité. Du reste, si ces températures chaudes manquent à l'appel, le beau temps peut lui aussi faire défaut. Dans ce cas, l'été serait foutu. Toutefois, si l'on craint que le Québec perde son été, d'autres facteurs exercent une influence. Notamment, la crête anticyclonique des Bermudes offre une belle garantie de chaleur lorsqu'elle se retrouve près de la côte est américaine. Si l'eau est chaude dans l'Atlantique, les probabilités qu'un tel scénario se produise augmentent.
« La température de l’eau de l’océan en dehors des tropiques est importante et entre en ligne de compte, estime Réjean Ouimet. Il est intéressant de trouver des années de similitude à cet égard. 1998 est un bon exemple d’une situation avec des airs de famille avec 2024. »
Un été ordinaire
Pour estimer la valeur d'un été, considérons les journées à 30 °C. Selon les prévisions de la NOAA concernant le phénomène ENSO (variation de la température de l'eau de surface du Pacifique équatorial), le gros de l'été 2024 se déroulerait en mode neutre, pour basculer en La Niña en fin de parcours. La température de l'eau du Pacifique risque donc d'être près de la normale. Dans ce contexte, on a relevé douze étés ordinaires avec moins de ces jours de chaleur depuis 1990. De fait, la majorité d'entre eux se sont déroulés en mode neutre.
« Ici, on regarde les différents états du phénomène ENSO de concert avec la fréquence des 30 degrés au cours des étés en question, explique Réjean Ouimet. Là où le bât blesse, c’est qu’il y a quand même des variations. On a ainsi des étés bas de gamme avec moins de jours de 30 °C (sept et moins). Donc, vive La Niña pour penser sauver notre été. »
Un vent de changement
Selon notre expert, en ce qui concerne le phénomène ENSO, l'été 2024 pourrait se comparer à trois années : 1998, 2010 et 2016. En effet, ces trois années ont été marquées par une transition semblable d'El Niño vers La Niña. Ces cas de figure ont présenté un été différent en ce qui a trait aux chaleurs de 30 °C.
« C’est le scénario en cours, précise Réjean Ouimet. Si, en 2016, le nombre de jours de 30 °C a dépassé la normale (16 jours), en 2010, ce fut 8 journées. Notons que ce fut au terme du printemps le plus chaud en 82 ans avant cette année. Finalement, le cas de 1998 s’inscrit dans la norme.
Pour en savoir davantage au sujet de notre été 2024, ne manquez l'aperçu officiel qui sera publié sur nos plateformes le 29 mai prochain.
Avec la collaboration de Kevin Cloutier, Bertin Ossonon et Réjean Ouimet, météorologues.