Sa disparition est inquiétante, mais pourrait devenir normale...
La situation reste critique en Arctique et particulièrement près de l’Alaska où la glace a disparu depuis plusieurs mois. Un patron météo anormal a entraîné des anomalies de températures records. Cette situation n’est pas prévue de changer et la glace pourrait ne revenir qu’en décembre d’après un spécialiste du climat en Alaska. Le manque de glace a malheureusement aussi des répercussions mortelles. Plus de détails ici.
Étendue de la glace fin octobre - début novembre 2019
Bonne nouvelle, l’étendue de glace en Arctique recommence à prendre de l’expansion. Mauvaise nouvelle, elle reste encore parmi les plus basses jamais observées. À la fin du mois d’octobre, la glace a commencé à se reformer ; cette reformation a été particulièrement rapide dans l’est de la Sibérie et dans la mer des Laptev. Mais, c’est dans l’ouest, entre l’Alaska et l’ouest de la Sibérie, que la situation reste grave.
-Disparition des glaces autour de l’Alaska
L’ouest de l’océan Arctique comprend géographiquement la mer des Tchouktches, la mer de Beaufort, la Sibérie orientale ainsi que l’archipel arctique canadien.
La mer des Tchouktches au nord de l’Alaska vient de battre un triste record au mois d’octobre, celui du couvert de la glace le plus petit jamais enregistré, battant l’année record de 2007.
On observe sur le graphique ci-dessus que l’étendue de glace depuis les années 2000 a considérablement baissé. D’après Rick Thoman, un spécialiste sur le climat en Alaska travaillant au ACCAP (Alaska center for climate assessment & policy), la mer des Tchouktches ne retrouvera plus une étendue de glace dépassant les 400 000 km2 dans le futur au mois d’octobre.
De plus, il a ajouté que « les hivers où la mer des Tchouktches ne gèlera plus arriveront sûrement dans plusieurs années. Jamais cela ne s’est produit dans le passé d’après les données ou connaissances historiques, nous sommes en territoire inconnu ».
Depuis le début du mois de novembre, la glace se reforme à une vitesse extrêmement lente, même record.
Thoman a souligné qu’en 2007, soit l’année record, la mer de Tchouktches n’a retrouvé 95 % de sa glace que le 21 décembre, soit un des plus tard jamais vu avec 2016 et 2017. 2019 pourrait se joindre parmi ces années records.
Même observation dans la mer de Beaufort, qui voit son nombre de jours avec une superficie supérieure à 30% sans glace, augmenter. Cette année se classe même dans le top 3 des années les plus tardives avant que la mer soit recouverte à plus de 95 % de glace.
« En ce qui concerne la mer de Béring, il y a une forte tendance à la baisse de la banquise depuis les années 1980 en automne, et cette année n’est pas une exception » souligne Mr Thoman après avoir observé la petite quantité de glace qui se forme du côté : russe et alaskain, mais qui se retrouve encore très loin des normales historiques.
Au cours des deux derniers hivers, les glaces de la mer de Béring se sont effondrées à la fin de l’hiver et au début du printemps, du jamais vu.
-Plus de retour en arrière pour les glaces en Alaska
Si le manque de glace est aussi affolant autour de l’Alaska, cela est dû en grande partie aux eaux chaudes. Le réchauffement des océans tout autour de l’Alaska est probablement causé par la diminution de la banquise et par le réchauffement général des océans. Depuis le début de l’automne, la température des eaux se retrouve même à des niveaux record d’après les données de la NOAA.
« Ces données ne datent que de 1983, mais cela n’a guère d’importance puisque presque toutes les années où l’on retrouve les températures des océans les plus chaudes se sont déroulées depuis la fin des années 1990 » ajoute Mr Thoman.
Nous nous retrouvons ainsi dans une boucle infernale dans cette région. Avec une formation de plus en plus tardive de la glace autour de l’Alaska, cette jeune glace n’aura eu que deux mois pour se former ou moins et sera donc plus fragile, car plus mince. Lorsque vient viendront alors les mois d’avril et mai, elles seront donc beaucoup plus faciles à briser et auront besoin de beaucoup moins de chaleur pour fondre.
Les modèles météo actuels prévoient un hiver 2019-20 doux en Alaska, ce qui ne va rien arranger. Une situation qu’il faudra suivre.
-Des conséquences graves de plus en plus visibles
Lors ma conversation avec Rick Thoman, résident de l’Alaska depuis plus de 30 ans, d’abord à Nome puis à Fairbanks, il m’a affirmé que les changements sont assez remarquables particulièrement sur le décalage des saisons. La glace de mer arrive plus tard en automne et fond plus tôt au printemps. Un autre fait intéressant aussi, alors qu’en septembre il était plutôt rare de voir des insectes, maintenant on peut en voir même jusqu’au mois d’octobre.
En effet, l’Alaska a récemment expérimenté un changement environnemental remarquable lié aux conditions météorologiques extrêmes.Les scientifiques observent des températures de plus en plus chaudes, une perte de la glace sans précédent, des débâcles plus hâtives, d’importantes saisons de feux de plus en plus fréquentes, moins de journées froides, un nombre de records de chaleur dépassant largement celui du froid, plus de précipitations, etc. Et contrairement aux croyances, il n’y a pas une tendance à la hausse qui se dessine sur le nombre de tempêtes modérées ou fortes au-dessus de la mer de Béring ou Tchouktches où la glace de mer s’est retirée.
Alors que la fonte de glace a de nombreuses répercussions néfastes et met en danger l’industrie de la pêche, une nouvelle étude révèle qu’un virus mortel émerge de cette fonte. Selon les scientifiques, la fonte a permis le contact jusqu’alors impossible entre les phoques de l’Atlantique et ceux du Pacifique par deux chemins possibles.
À VOIR ÉGALEMENT : Que se passerait-il si toute la glace du monde disparaissait en une nuit ?