Le gros joueur qui pourrait bouleverser l’automne québécois, le voici
La Niña, c’est-à-dire l’anomalie des températures dans le centre ouest de l’océan Pacifique, est de faible intensité mais devrait gagner en force d’ici quelques semaines. Si ce scénario se concrétise, les répercussions se feront sentir jusqu’en Atlantique, et l’automne québécois pourrait indirectement en subir les conséquences.
Saison hyper-tropicale
La saison des ouragans bat son plein, et c’est le moins que l’on puisse dire, sachant que l’on a enregistré plus de quinze tempêtes nommées lors de la première moitié de la saison, alors qu’en temps normal, on en compte douze pour une saison complète qui se termine le 30 novembre dans l'hémisphère Nord.
La saison 2020 pourrait détrôner l'année 2005 en ce qui concerne le nombre de tempêtes tropicales nommées. Cette hyperactivité tropicale pourrait venir bouleverser la tendance à la douceur prévue dans notre Aperçu de l’automne.
L’une des causes de cette hyperactivité tropicale est l’anomalie négative des températures de l’eau dans le Pacifique, communément appelée La Niña. L’une des caractéristiques de La Niña est un faible cisaillement des vents en Atlantique. Associé aux températures plus chaudes dans cet océan, cette absence de cisaillement offre aux ondes tropicales les conditions parfaites pour naître, dans un premier temps, et gagner en intensité, dans un second.
Selon l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), La Niña est bien installée, ce qui veut dire que l’hyperactivité tropicale dans l’Atlantique continuera jusqu’à la fin de l’automne. Cela pourrait venir bouleverser les tendances météorologiques au Québec.
L’après-coup au Québec
Lorsqu’un ouragan se déplace, les eaux chaudes de surface se retrouvent mélangées avec celles de profondeur. Plus les tempêtes tropicales sont nombreuses, plus les eaux de surface sont refroidies. Pourtant, c’est grâce à ces eaux chaudes en Atlantique qu’une crête atmosphérique devrait permettre à la province de profiter d’un temps plus doux cet automne.
« Avec des eaux de surface moins chaudes, la crête risque d’être moins bien délimitée et la chaleur des États-Unis pourrait ne pas suffisamment remonter vers la province pour que les secteurs les plus au nord en profitent », explique Anne-Sophie Colombani, vidéaste-météorologue à MétéoMédia.
De plus, si les tempêtes tropicales se rapprochent des côtes, il est possible qu’elles soient attrapées par le courant-jet et dirigées vers le Québec ou les Maritimes. « D’importantes quantités de précipitations pourraient être déversées sur certaines parties de la province », indique Mme Colombani, précisant que « le nombre de journées avec des précipitations ne serait pas supérieur aux normales saisonnières, mais les quantités de pluie pourraient l’être ».
Pour retrouver notre Aperçu sur l'automne, rendez-vous ici.
Pour en savoir plus...
La Niña
Dans le centre ouest de l’océan Pacifique, les climatologues et les météorologues du monde entier surveillent l’oscillation australe, soit les anomalies de températures de l’eau. Si cette anomalie est supérieure à +0,5 °C, on parle d’El Niño ; lorsqu’elle est inférieure à -0,5 °C, il s’agit de La Niña ; et entre ces deux valeurs, on considère que l’anomalie est neutre.
Pour être qualifiée d’El Niño ou de La Niña, il faut qu’une anomalie reste stable durant trois mois d’affilée. La NOAA vient d’annoncer qu’après un mois d’août ayant enregistré une anomalie inférieure à -0,5 °C, « les conditions de La Niña sont désormais présentes ».
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À cause de cela, le courant-jet formera un creux vers l’Ouest de l’Amérique du Nord, et une crête dans l’Est. « C’est grâce à cette formation atmosphérique que le Québec devrait connaître un temps plus doux cet automne », indique Mme. Colombani. La NOAA a même établit à 75 % les probabilités pour que cette anomalie négative se poursuive durant l’hiver dans l’hémisphère Nord, ce qui rentre en complémentarité avec les premiers indices repérés par les experts de MétéoMédia et qui supposent que le Québec vivrait un hiver doux.
Une saison tropicale record ?
Alors qu’une saison des ouragans normale compte douze tempêtes nommées, l’année 2020 en connaît déjà plus de 17 : plus que quatre tempêtes tropicales et il faudra utiliser l’alphabet grec. La seule et unique fois où cela a dû se passer, c’était en 2005, alors que 28 systèmes tropicaux s’étaient formés.
Si l’hyperactivité tropicale continue sur sa lancée, il est possible qu’un nouveau record de tempêtes nommées soit établie.
Toutefois, contrairement à 2005, les tempêtes tropicales cette année ne sont, pour l’instant, ni très puissantes, ni de très longue durée. Seul l’ouragan de catégorie 4 Laura a laissé d’importants dégâts en Louisiane et provoqué des décès. Au Québec, lorsque trois systèmes tropicaux sont remontés jusqu’à chez nous (Cristobal, Fay et Isaias), aucun dégât majeur n’a été constaté.