Frappé par la foudre : survivre contre toute attente
Malgré la violence du phénomène, la plupart des personnes touchées par la foudre survivent. Le foudroiement doit cependant être pris très au sérieux, car 10 % de ses victimes décèdent et plus de 70 % d’entre elles auront des séquelles permanentes et invalidantes.
Dans une majorité des cas de survie, la plus grande partie des 300 000 volts de l’éclair passent à la surface du corps. Le courant emprunte toujours le chemin le plus court et le plus direct. Si vous êtes dans une voiture qui est frappée par la foudre, vous serez protégé. On croit, à tort, que ce sont nos pneus qui nous protègent. En fait, c’est la carrosserie qui est très conductrice qui disperse l’électricité. On appelle ce principe « cage de Faradey » du nom du physicien anglais Michael Faradey qui a conçu, lors de ses travaux sur la conductivité, une cage dans laquelle il prenait place et sur laquelle un éclair était lancé. Il a prouvé ainsi que le courant utilise le chemin le plus direct, car la décharge est dispersée sur la surface de la cage sans jamais y entrer.
C’est un peu ce qui se passe quand la foudre s’abat sur un individu. Les orages qui génèrent la foudre ont lieu le plus souvent en été pendant des journées chaudes et humides. Ces conditions font que nous transpirons. Les gouttes de transpiration sur notre peau vont être plus conductrices que notre corps. L’électricité ne le traversera donc pas, mais le contournera. Attention, vous ne serez pas complètement protégé, mais la majeure partie de la décharge ne pénétrera pas dans votre corps. Les survivants affichent quand même de graves séquelles comme des troubles cardiaques, des problèmes de mémoire, des lésions aux organes internes ou des troubles visuels ou auditifs. Il y a aussi des conséquences psychologiques puisque le traumatisme est important. Certaines victimes affichent des symptômes tels que des crises d’angoisse, des tremblements ou des maux de tête à l’approche d’un orage.
Il y a différentes manières de se faire foudroyer. La plus grave est le coup de foudre direct, c’est-à-dire quand la foudre se décharge directement sur une victime. Il y a aussi l’éclair latéral. Il frappe une personne qui s’est abritée sous une structure conductrice comme un arbre ou une tente qui est touchée par un coup de foudre direct. Le foudroiement par tension de pas survient lorsque la foudre frappe par terre et que la décharge se propage aux objets avoisinants près du point d’impact. Un peu comme l’exemple précédent, le foudroiement collectif est observé quand l’électricité passe d’une personne à l’autre dans un groupe. Le foudroiement dans une maison met les résidents à risque puisque le courant se propage à l’intérieur en utilisant le réseau de fils dans les murs. Dans tous ces cas, les blessures peuvent aller de l’arrêt cardiaque à des brûlures superficielles.
Dans certains cas rares, être foudroyé peut apporter certains avantages. En 1994, à Albany dans l’État de New York, Tony Cicora a été frappé par la foudre au moment où il raccrochait dans une cabine téléphonique. Son cœur a cessé de battre et il s’est évanoui. Une infirmière qui passait par là a rapidement procédé aux manœuvres de réanimation. Puis, l’ambulance est arrivée et Tony a été transporté à l’hôpital aux soins intensifs qui ont réussi à le ramener à la vie. Pendant son séjour à l’hôpital, il a développé un grand intérêt pour le piano, un instrument totalement inconnu pour lui. Il disait qu’il entendait de la musique dans sa tête et il a reproduit ce qu’il entendait. Après quelques mois, il a laissé tomber son travail de chirurgien pour commencer une carrière de musicien classique. Selon ses médecins, Tony aurait subi un « recâblage » du cerveau, puisque l’impact de la foudre aurait affecté ses neurotransmetteurs.
Il y a aussi le cas étonnant de Roy Sullivan, un ranger américain travaillant dans le parc national de Shenandoah en Virginie. Il détient le record Guinness de la personne ayant subi le plus grand nombre d’impacts de foudre. M. Sullivan a été frappé sept fois par l’éclair entre 1942 et 1977. Selon vous? Chanceux ou invincible? Mathématiquement, vous avez plus de chance d’être frappé par la foudre que de gagner le gros lot à la loterie. Sauf pour un Canadien, Peter McCathie, qui a été frappé par la foudre pendant son adolescence et a par la suite gagné le gros lot à l'âge adulte.