Climat : Des chiffres qui parlent plus fort que les mots
Chaque année, lors des négociations internationales sur le climat (COP) présidées par l’ONU, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) brosse un tableau de l’année en cours. Ce bilan partiel de l’année donne aux négociateurs les informations les plus récentes au sujet du climat actuel de la Terre. Encore une fois cette année, le portrait est plutôt sombre. C’est un peu normal, car ce bilan souligne surtout les événements météorologiques extrêmes de l’année.
Quelques chiffres qui donnent froid dans le dos
La température moyenne globale pour la période de janvier à octobre 2019 est supérieure de 1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Selon la communauté scientifique, nous devons limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 °C si on veut pouvoir poursuivre nos activités sans une refonte complète de notre mode de vie. Puisque nous n’avons pas encore mis en place des mécanismes planétaires pour réduire nos émissions et que la moitié de la cible est déjà atteinte, il est facile de voir l’urgence que présente la lutte aux changements climatiques. D’ailleurs, le dernier rapport de l’ONU à ce sujet est formel, il faudra augmenter nos cibles et nos actions si on veut limiter le réchauffement à seulement 2 °C. Pour l’instant, il est fortement plausible que nous assistions à une hausse de la température mondiale de 3 °C. Ceci se traduirait en une hausse de 6 °C pour le Canada, à cause de notre position géographique tout près du pôle, qui lui se réchauffe à la vitesse grand « V ». L’été 2019 a enregistré des dizaines de records de chaleur observés dans l’Arctique.
Les océans ne freinent plus le réchauffement climatique
Contrairement à l’air, l’eau prend plus de temps pour se réchauffer ou se refroidir. Depuis un siècle, nos océans ralentissent le réchauffement climatique parce qu’ils varient en température plus lentement que l’air et couvrent 71 % de la surface de la Terre. Plus de 90 % de l’énergie accumulée par les systèmes climatiques sont absorbés par les océans. En 2019, les couches supérieures et moyennes des océans ont fracassé des records de chaleur, et ce, à un point tel que la moyenne de température des océans est supérieure aux valeurs déjà records, enregistrées en 2018. Les océans ralentissent de moins en moins le réchauffement climatique. Au contraire, ils seront bientôt des moteurs à part entière du dérèglement mondial à venir. La dilatation de l’eau devenue chaude sera responsable d’une portion non négligeable de la hausse du niveau des mers.
La démonstration n’est plus à faire
Autre information très pertinente évoquée dans le bilan partiel de l’OMM : depuis 1980, chaque décennie est plus chaude que la précédente. Dans les années 90, quand les scientifiques sonnaient l’alarme au sujet des changements climatiques, ils ajoutaient qu’il faudrait plusieurs années pour pouvoir démontrer, preuve à l’appui, que la Terre se réchauffe. Après quatre décennies plus chaudes les unes que les autres et 417 mois consécutifs au-dessus de la moyenne, on peut se demander si la preuve n’est pas déjà faite.